Bouddhisme et Psychologie - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Bouddhisme et Psychologie

Evolution

Pourquoi rassembler ces deux disciplines que sont :
La Méditation Bouddhique et  La Psychanalyse ?

POURQUOI ?
Parce qu’elles ont un certain nombre de choses en commun.
La méditation
est une voie spirituelle de libération ; de libération de la douleur, source des 3 poisons, mais aussi de nous faire atteindre à la perfection de ce que l’être humain est capable et ce que le bouddhisme appelle nirvana ou éveil, ou illumination.
La psychanalyse apparaît elle comme un traitement inventé par un psychiatre, une méthode d’investigation psychologique fondée sur la découverte de l’existence de l’inconscient par Sigmund Freud, une thérapeutique qui s’est différenciée de l’hypnose et a mis l’accent sur les rapports du conscient et de l’inconscient et sur les mécanismes de défense qui protègent la personnalité consciente des douleurs enfouies dans le psychisme inconscient.





Mais il y a quand même une différence dans ces 2 disciplines. La conception du monde qui était à l’œuvre dans le travail du Bouddha et du travail de Freud.
Le Bouddha se situe dans le cadre des grandes doctrines traditionnelles, qui reconnaissent dans l’être humain l’existence de trois niveaux : l’esprit universel, le mental individuel, et le corps.




Par contre Freud se situe dans le cadre du matérialisme et du rationalisme de la fin du 19ème siècle, ce qui constitue une condition fondamentalement différente qui explique le caractère anti religieux de la pratique freudienne au point de départ. C’est une thérapeutique laïque qui servira de machine de guerre contre les doctrines religieuses, juives ou chrétiennes.

Sigmund Freud

Le problème de fond est de faire la différence entre ce qui apparaît être comme une simple thérapeutique psychiatrique, et ce qui se donne comme voie spirituelle visant à la perfection de la nature humaine.

Pourtant il y a une analogie importante dans ces 2 disciplines :

elle consiste en ce que le Bouddha cherche avant tout de façon pratique à guérir l’homme de la souffrance, qui est l’insatisfaction générale qui frappe tous les être humains, même s’ils ne sont pas très malheureux, et c’est de cette nostalgie de la perfection que le Bouddha veut les guérir.
C’est pour cela aussi que l’on appelle le Bouddha le grand médecin ou le grand psychiatre, bien sûr il ne guérit pas une rage de dents, mais il s’occupe et soigne l’esprit, et il est dit dans le canon : on fait un diagnostic de la maladie, on étudie les causes de la maladie, on affirme que la maladie est curable, et finalement on décrit la thérapeutique.

De même Freud se présente comme un thérapeute à la recherche des causes de la souffrance individuelle.

Bhaisajyaguru ou Bouddha de médecine

Donc revenons à la conception de l’homme et du monde que se fait le bouddhisme et qui le différencie de la conception à partir de laquelle Freud a élaboré la doctrine psychanalytique.

Le Bouddha considère qu’il y a trois niveaux fondamentaux dans les états d’êtres, qui sont des niveaux hiérarchiques ; les niveaux supérieurs contrôlant les niveaux inférieurs, mais qui ne sont pas séparés. Par conséquent ce n’est pas une doctrine dualiste, où on sépare radicalement, par exemple : l’âme et le corps.
Il faut savoir
que ces trois niveaux indissociables étaient également la conception dans l’antiquité connue par les grecs et les romains et du christianisme qui l’a acceptée dans ses débuts, et Saint Paul la bien décrit et qui reconnaît chez l’être humain trois niveaux : corpus, anima et spiritus (en latin), c’est à dire le corps matériel, l’âme anima ce qui anime le corps, et qui en fait correspond au mental, et la troisième partie fondamentalement transcendante c’est le spiritus, l’esprit.
La réalité ultime c’est ce qu’on appelle la non dualité, la vacuité ou le nirvana et on trouve cette vue des choses jusqu’au milieu du moyen âge (14ème siècle) et c’est à ce moment là que s’effectue le changement du christianisme avec le concile de Vienne en 1312 et que l’on n'a plus parlé que de l’âme et du corps. Et à partir du moment où il y a deux, toutes les conditions sont réunies pour que les adversaires s’excluent mutuellement et se tapent sur la figure ! C’est la pensée moderne qui a oubliée cette hiérarchie des existences. Et à la suite des conflits dualistes douloureux entre l’âme et le corps, au 19ème siècle, l’âme a été éliminée pour être remplacée par le corps seul, et nous vivons depuis dans l’ère du matérialisme scientifique, pratique, économique, politique, etc.   
Alors si nous nous replaçons dans la hiérarchie du niveau des trois mondes, nous comprenons que l’on va retrouver cette réalité dans la structure de l’homme, dans sa vie en général et dans son évolution. Et on peut voir que la psychothérapie peut faire passer l’être humain d’un état infantile, au dessous de la normale à un état évolué qui est celui de tous les êtres, mais que la normale de l’être humain ne s’arrête pas dans l’état d’un adulte qui gagne sa vie, qui s’est marié, qui jouit et qui a des enfants, toutes choses estimables, mais qui s’avèrent insuffisantes pour satisfaire la totalité des êtres ; la pensée contemporaine n’offre rien d’autre au delà de cet état d’adulte qui n’a plus qu’une seule perspective, qui va se détériorer et terminer sa vie dans la sénilité, la frustration, et la décomposition.   
Et la méditation bouddhique doit faire passer un homme normal, adulte, mur et équilibré, qui a résolu ses problèmes infantiles et ses angoisses primordiales, et qui donc n’a plus besoin d’un psychanalyste, pour accéder à l’état de perfection de l’être parfait, totalement libéré, que le bouddhisme appelle le nirvana, que l’hindouisme appelle fusion dans Brahmane, ce que l’islam appelle l’anéantissement en Dieu etc.


La psychanalyse a une théorie de l’évolution de l’être humain qui est celui de la maturation du moi. Mais cela ne va pas au delà, et ce n’est que récemment que la psychologie contemporaine en a pris conscience, surtout aux états unis, et par là est né la psychologie trans-personnelle sous l’influence des théories de Jung, un disciple autonome et original de Freud. La psychologie trans-personnelle ne s’est pas développée en France où l’université est restée rationaliste et hostile à cette "fumisterie mystique" qui menace les bases sur laquelle elle est fondée.

Carl Gustav Jung

C.G. Jung observa que ceux de ses patients qui arrivaient à s'affranchir par eux -mêmes de l'esclavage où les maintenaient leurs problèmes et qui atteignaient des niveaux supérieurs de développement et d'intégration psychique, ne faisaient en réalité que permettre aux choses de se produire d'elles-mêmes. Ils laissaient leur inconscient leur parler en silence, et ils écoutaient ses messages avec patience, en y accordant toute leur attention, avec le plus grand sérieux. En d'autres termes, ils établissaient une relation consciente avec leur inconscient.
"L'art de laisser les choses arriver d'elles-mêmes, l'action par l'inaction, laisser les choses se faire d'elles-mêmes, comme le disait Maître Eckart, devint pour moi la clef de la porte d'accès à la voie. Nous devons être capables de laisser les choses se produire d'elles-mêmes dans la psyché. Chez nous il s'agit d'un art que la plupart des gens ignorent totalement. La conscience ne cesse d'interférer, d'aider, de corriger et de nier, ne laissant jamais se développer en paix le processus psychique." (Jung)
Quand on autorise le processus psychique à se développer en paix, l'inconscient féconde la conscience, et la conscience illumine l'inconscient. La fusion mutuelle et l'union des deux contraires accroissent la conscience et élargissent la personnalité. Selon Jung cela s'accomplit dans les meilleures conditions quand le processus n'est pas dirigé de l'extérieur et que le thérapeute n'interfère pas sur le travail de la nature.
Extrait de Radmila Moacanin, C.G.Jung et la sagesse tibétaine, et la citation de Jung est issue du "Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or"

La psychologie trans-personnelle admet qu’il y a d’autres conceptions du développement qui intègre des types d’expériences qui ont été négligées par les psychologues classiques. Donc il y a d’autres phénomènes qui se réfèrent à des expériences de type" troisième œil", comme on en connaît dans la méditation, qui nous mettent en contact avec ce que Platon aurait appelé le domaine des idées, et qui débouchent sur les expériences mystiques informelles, au delà de toute individualité.

Nous voilà placé devant un problème qui est celui de notre moi psychologique, de savoir si c’est une fin ou le commencement d’un stade suivant. Il y a donc un au delà du moi ; ce qui nous rappelle que la littérature mystique chrétienne et de toutes les grandes religions connaissent et il y a un thème classique qui est la mort du moi. Le bouddhisme lui parle surtout d’une illusion. Mais que doit-on comprendre de ce dépassement souhaitable du moi ?
D’abord il y a les mauvaises façons de faire, et ça nous l’avons déjà vu dans la page « obstacles à la méditation »   « Pourquoi  &  moi, mais pas le roi ». Donc il faut voir les choses pour ceux qu’elles sont, c’est à dire changeantes.

De grands sages ont utilisé l’analogie d’un serpent imaginé, pour montrer comment tous les phénomènes sont simplement imputés par la pensée.

Un homme qui marche à travers un champ au crépuscule passe près d’une corde tachetée et enroulée qui est sur le sol, et la prenant par erreur pour un serpent, se met à avoir peur.

Bien qu’un serpent apparaisse avec netteté à son esprit, ce serpent n’existe pas de son propre côté. C’est simplement une projection de son esprit, imputé par la pensée conceptuelle en dépendance de la corde.
Mis à part cela, aucun serpent ne peut être trouvé, parce que ni la corde enroulée dans son ensemble, ni aucune de ses parties n’est un serpent.
Exactement de la même manière, tous les phénomènes sont simplement imputés par la pensée conceptuelle. Par exemple, le "je" n’existe pas de son propre côté. (Ce qui renvoi à la page "Qui suis-je")

Il est simplement une projection de l’esprit imputé par la pensée conceptuelle en dépendance des agrégats. Si nous essayons de trouver un "je" autre que la simple imputation conceptuelle « je », nous n’y arriverons pas, car ni la collection des agrégats ni aucun agrégat individuel n’est le "je".
Des phénomènes qui existent, tels que le "je", sont différents du serpent imaginé en ce qu’ils sont des imputations valides, mais il n’y a aucune différence du point de vue du fait qu’ils sont simplement imputés par la pensée conceptuelle.

Dans l’analogie, c’est parce que l’homme voit la corde à la tombée du jour, qu’il appréhende par erreur un serpent et se met à avoir peur.

Pour éliminer cette peur, il doit éliminer l’esprit qui appréhende un serpent en réalisant qu’il n’y a pas de serpent. Et même alors, si la corde est laissée à la même place, il y aura danger qu’à l’avenir la même erreur soit faite. La seule manière d’éliminer ce danger est d’éliminer la corde.
De même, les êtres sensibles, qui observent leurs agrégats dans l’obscurité de leur ignorance, appréhendent par erreur un "je" qui existe de façon inhérente. Cet esprit de saisie d’un "je" qui existe de façon inhérente est la racine du samsara et la source de toutes les peurs. Pour éliminer les peurs du samsara, nous devons éliminer cet esprit, en réalisant qu’il n’y a pas de "je" qui existe de façon inhérente.

Mais même alors, il y aura danger que l’esprit de saisie d’un "je" qui existe de façon inhérente ne revienne si nous continuons à saisir des agrégats qui existent de façon inhérente.

Par conséquent, la seule manière d’éliminer entièrement les peurs du samsara c’est en premier lieu de réaliser l’absence d’existence inhérente du "je", puis de réaliser l’absence d’existence inhérente des agrégats.
C’est là, la définition de la vision pénétrante dans le bouddhisme, la thérapeutique bouddhiste, qui nous permet de tout transformer sans rien supprimer chirurgicalement.

Dans la pratique de la méditation bouddhique considérée comme thérapeutique,

  • qu’est-ce que nous pouvons dire ?

La concentration, la voie du calme, nous permet de faire l’expérience de paix intérieure, de calme, et de bonheur, qui sont déjà présentes et qui appartiennent d’une façon intrinsèque au mental. Le mental non agité, si nous savons comment faire pour le calmer, est déjà naturellement paisible, et il suffit simplement que nous le découvrions. Et à ce moment là nous sommes capables d’exercer lucidement cette capacité et de voir dans le calme, très paisiblement, les problèmes, les difficultés, les contradictions, les insatisfactions, les douleurs etc. qui constituent banalement l’être humain.

Ce qui est important de voir, c’est qu’il est possible de se dégager par cette vision sage, des dynamismes formateurs de l’inconscient. Et c’est là l’élément le plus important qui est partagé en commun, par le bouddhisme et la psychanalyse, c’est la notion très vivante que les facteurs inconscients qui sont présents en nous, sont les dynamismes puissants qui gèrent, informent, dominent notre vie.

La différence pour les psychanalystes, tout se construit dans la petite enfance, en quoi ils ont partiellement raison, mais ça ne se construit pas seulement dans la petite enfance, dit le bouddhisme, cela vient aussi de l’héritage des vies antérieures, qui chez l’enfant naissant, engendre déjà une structure caractérielle toute formée. Laquelle bien sûr va être mise au contact de nouveaux parents et de nouvelles conditions, mais pour l’essentiel le noyau caractériel du moi est déjà constitué avant la naissance.

Ce qui renvoi à la page « renaissance ou réincarnation » et sur les travaux de Ian Stevenson qui a étudié ces phénomènes sur plusieurs enfants. Il y a donc une continuité psychique, qui fait que l’on est aujourd’hui, le résultat de ce que l’on a fait autrefois, et éventuellement dans les vies antérieures, de la même façon que nous serons demain et dans les vies suivantes ce que nous faisons aujourd’hui.

Nous avons donc dans le bouddhisme, une notion de la responsabilité qui est complète, car ce ne sont pas nos parents seulement, qui sont responsables de ce que nous sommes, c’est ce que nous aussi avons été auparavant.

Donc les moyens de la thérapeutique bouddhiste, sont la vision juste et sage de "ce qui est".

Et dans la psychanalyse c’est aussi une doctrine de la libération par la connaissance juste.
Il y a un deuxième facteur qui est la concentration, et ça, ce n’est pas très connu dans la psychanalyse, et le bouddhisme sait que la pratique de la concentration, donc du calme mental, avec le bonheur qui en résulte, est un facteur considérable de renforcement des capacités de la personne et de ses possibilités de voir de façon sage.

Ce qui implique, ce qui est déjà développé dans la page « comprendre le bouddhisme » et voir dans la quatrième noble vérité, l’octuple noble sentier, ces 8 conduites qui doivent être suivies par l’être humain, et il est évident que si nous ne mettons pas en pratique dans la vie quotidienne, dans la façon de se comporter avec autrui, nous ne pourrons jamais changer en profondeur.
 
Si nous faisons des fautes d’hygiène, tous les médecins vous le diront, vous tomberez malade ! Donc si nous voulons guérir, il faut s’appliquer une hygiène, physique, mentale et spirituelle dans la vie quotidienne.

Dans la page suivante, Carl Gustav Jung, dit qu’il existe 4 archétypes, quatre étapes que nous traversons pendant notre vie. Suite de la lecture CLIQUEZ ICI
 
Nous sommes, « tous », où nous devons être, étant donné nos choix passés, et notre libre arbitre actuel. Ce qui veut dire que nous avons tous une route à suivre (nous sommes la route) et les différences de niveaux d’évolution font que les êtres n’ont pas la même vision des choses, et que chacun détient sa vérité. Vérité qui se transforme au fur et à mesure des expérimentations. Il ne faut rien brusquer. Chacun doit faire son apprentissage à la vitesse qui lui est propre.
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