Juin 2014 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Juin 2014

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CHOISIR D'ETRE HEUREUX

L'intention est le karma de l'esprit. Gunaprabha (Maître indien du Vinaya)

Regardez un enfant absorbé par un jeu vidéo, ne pensant qu'à appuyer sur des boutons pour tuer des ennemis et gagner des points, et vous verrez que ces jeux créent une dépendance.
Prenez ensuite un peu de recul et voyez comment les "jeux", qu'ils soient financiers, sentimentaux ou autres, auxquels vous "jouez" en tant qu'adulte sont, eux aussi, des addictions.
La principale différence entre l'adulte et l'enfant est qu'un adulte a assez d'expérience et de compréhension pour se retirer du jeu. Il peut choisir de regarder son esprit de façon plus objective, et, de ce fait, il peut cultiver la compassion à l'égard de ceux qui ne sont pas capables de faire ce choix.

Depuis que vous pratiquez la méditation, vous commencez à prendre conscience de votre nature de bouddha, vous observez immédiatement des différences dans vos perceptions de tous les jours. Des choses qui, d'habitude, vous irritaient perdent peu à peu ce pouvoir sur vous. Vous devenez intuitivement plus sage, plus détendu et plus sincère. Vous commencez à reconnaître les obstacles comme des occasions de progrès. Et à mesure que votre sensation illusoire de limitation et de vulnérabilité s'estompe, vous découvrez, au fond de vous-même, la véritable beauté de votre être.
Mieux encore, à mesure que vous découvrez votre propre potentiel, vous le découvrez également chez tous les êtres autour de vous. En fait, le vrai signe manifestant qu'on découvre sa nature de bouddha, c'est qu'on se rend compte qu'elle est très ordinaire, que tous les êtres l'ont en eux, bien qu'ils ne le sachent pas.
Au lieu de fermer votre coeur à ceux qui crient après vous ou agissent de façon malveillante, vous vous ouvrez à eux. Vous comprenez que ce ne sont pas simplement de pauvres types, mais des gens comme vous, qui aspirent au bonheur et à la paix.

Vous pouvez débuter votre pratique en aspirant simplement à vous améliorer. Quant à la compassion, elle se développe parallèlement. Plus vous êtes attentif, plus vous découvrez qu'il est facile d'avoir de la compassion. A tout moment, vous pouvez choisir soit de suivre le flot des pensées, des émotions et des sensations qui renforcent votre perception de vous-même comme fragile et limité, soit de vous rappeler que votre vraie nature est pure, inconditionnée et que rien ne peut lui faire de mal.
Vous pouvez soit rester dans le sommeil de l'ignorance, soit prendre conscience que vous avez toujours été éveillé. Quoi que vous choisissiez, vous exprimez toujours la nature illimitée de votre être véritable. L'ignorance, la peur, la colère, le désir sont tous des expressions du potentiel infini de la nature de bouddha.
Il n'y a rien d'intrinsèquement bon ou mauvais dans un choix ou dans un autre. La pratique bouddhiste a simplement pour effet de vous faire reconnaître que ces afflictions mentales ne sont rien d'autre que des choix possibles, car le champ d'action de notre véritable nature est infini.

CHOISIR L'IGNORANCE OU LA CLAIRE CONSCIENCE... C'EST NOTRE CHOIX

Samsara et nirvana ne sont que deux points de vue différents, ils traduisent la manière dont on examine et comprend ce que l'on perçoit. Le nirvana n'a rien de magique et le samsara, rien de mauvais en soi. Si vous êtes déterminé à vous considérer comme affreux ou effrayé par vos expériences passées, sachez simplement que c'est votre choix, et qu'il vous est toujours possible de vous percevoir différemment.
La voie bouddhiste nous permet en fait de choisir entre la routine et le sens pratique. Il est indéniable que le fait de conserver des schémas habituels de pensée et d'action procure un certain confort et une impression de stabilité. Si l'on s'aventure hors de cette zone familière, on pénètre automatiquement dans un monde de perceptions inconnues qui peut sembler terrifiant. On ne sait plus alors si l'on doit se replier sur ce qui est familier mais effrayant, ou aller de l'avant vers ce qui n'a peut-être d'effrayant que son caractère d'inconnu.

L'incertitude sur le choix de reconnaître ou non notre véritable potentiel me fait penser au sujet de la difficulté de mettre fin à une relation amoureuse difficile, dans laquelle l'un malmène l'autre : on éprouve une certaine appréhension ou un sentiment d'échec.
La différence avec le choix de l'engagement sur la voie bouddhiste est que, dans ce dernier cas, c'est soi-même qu'on décide de ne plus malmener.
Lorsque vous décidez de reconnaître votre véritable potentiel, vous cessez de vous dévaloriser vous-même. L'image que vous avez de vous devient plus saine et positive, vous avez davantage confiance en vous et le simple fait d'être en vie vous rend plus joyeux. En même temps, vous constatez que tous les êtres qui vous entourent possèdent la même force que vous, qu'ils en soient conscients ou pas. Au lieu de les traiter comme des menaces ou des ennemis, vous pouvez alors reconnaître leurs peurs et leurs souffrances, et leur répondre d'une façon qui apporte davantage de solutions que de problèmes.

POURSUIVRE LA VOIE

En fin de compte, la voie du bonheur revient à choisir entre l'inconfort de prendre conscience des afflictions mentales et l'inconfort d'être gouverné par elles. Tout ce que l'on commence en général est toujours difficile. Que ce soit un sport, un nouveau travail ou un régime alimentaire.
Il est diffficile d'acquérir le savoir-faire indispensable pour maîtriser un métier, difficile de se convaincre de faire des exercices physiques, difficile de ne manger que des choses saines chaque jour.
Mais au bout d'un certain temps, ces difficultés diminuent, vous vous mettez à éprouver un sentiment de plaisir et d'accomplissement, et c'est toute votre perception de vous-même qui se modifie.

La méditation fonctionne de la même façon. Les premiers jours, vous vous sentez peut-être très bien, mais au bout d'une semaine, la pratique devient une épreuve. Vous n'avez pas le temps, vous trouvez la posture assise inconfortable, vous n'arrivez pas à vous concentrer ou, tout simplement, vous vous lassez.
Vous vous heurtez à un mur, comme les coureurs de fond qui essaient d'ajouter un kilomètre à leur distance maximale. Le corps dit "je ne peux plus", tandis que l'esprit pense "je devrais le faire". Aucune de ces deux voix n'est particulièrement agréable. En fait, l'une et l'autre demandent trop de vous.
On qualifie souvent le bouddhisme de "voie du milieu", car il offre un choix intermédiaire. Si vous ne pouvez pas vous concentrer, alors arrêtez-vous absolument. Sinon, la méditation deviendra une corvée et vous en arriverez à penser : "Mince ! il est déjà 19 heures et il va falloir que je m'assoie pour cultiver le bonheur !" Mais si vous pensez pouvoir continer une ou deux minutes de plus, faites-le à tout prix également. Vous pourriez être surpris de la leçon que cela vous donnera.

Vous découvrirez peut-être, caché derrière votre résistance, une pensée ou un sentiment particulier que vous refusiez de reconnaître. Ou tout simplement, vous vous rendrez compte que vous êtes capable de reposer votre esprit plus longtemps que vous le pensiez. Cette découverte, à elle seule, vous donnera une plus grande confiance en vous-même, tout en réduisant votre taux de cortisol, en augmentant votre production de dopamine et en déclenchant une activité accrue dans le lobe préfrontal gauche de votre cerveau.
Ces modifications biologiques feront, à leur tour, une énorme différence dans votre vie quotidienne, en fournissant un point d'appui physique à votre calme, votre stabilité et votre confiance.

TOUTE MEDITATION FINIT PAR ENGENDRER LA COMPASSION

Mais le plus remarquable, c'est que, quels que soient le temps que vous passiez à méditer et la technique que vous employiez, toute méditation bouddhiste finit par engendrer la compassion, que vous en soyez ou non conscient. Chaque fois que vous regardez votre esprit, vous ne pouvez pas ne pas remarquer la ressemblance entre vous et les autres.
Quand vous regardez réellement votre esprit, toutes les distinctions imaginaires entre vous et les autres s'évanouissent d'elles-mêmes, et l'ancienne prière des quatre pensées devient pour vous aussi naturelle et continue que les battements de votre coeur. La voici :

  • Puissent tous les êtres trouver le bonheur et les causes du bonheur !

  • Puissent-ils être libres de la souffrance et des causes de la souffrance !

  • Puissent-ils posséder la joie et les causes de la joie !

  • Puissent-ils être impartiaux, libres d'attachement et d'aversion !

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