Juin 2019 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Juin 2019

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L'être humain est-il capable de changer ?
Mourir, c’est se vider totalement l’esprit de ce que l’on est, c’est se vider de ses aspirations, des chagrins et des plaisirs quotidiens. La mort est un renouvellement, une mutation, où n’intervient pas la pensée qui est toujours vieille. Lorsque se présente la mort, elle apporte toujours du nouveau. Se libérer du connu c’est mourir, et alors on vit.
Un réveil est-il possible ?
Le problème qui se pose à nous est le problème du réveil.
Ce qui nous manque, ce n'est pas une idéologie ou une doctrine à appliquer pour sauver le monde.
Ce qui nous manque, c'est la conscience de ce que nous sommes, de ce qu'est notre vraie situation. Par ce réveil, nous retrouverons notre souveraineté humaine.
Notre situation est celle d'un homme monté sur un cheval qui ne veut pas obéir à son maître.
La voie du salut est donc une nouvelle culture, dans laquelle la nature humaine puisse se retrouver.
L'être humain est-il capable de changer ?
Je suis sûr que nul n'échappe à la question de savoir si l'on change jamais. Je sais que les circonstances extérieures de la vie sont changeantes : on se marie, on divorce, on a des enfants ; il y a la perspective de la mort, ou d'un meilleur emploi, et l'influence qu'exerce sur nous les nouvelles inventions, et ainsi de suite. A l'extérieur, c'est aussi la formidable révolution de la cybernétique et de l'automatisation. On s'est forcément demandé si un changement était possible pour nous, pas un changement concernant les événements extérieurs, mais une révolution radicale, une mutation totale de l'esprit.
Lorsqu'on s'aperçoit que l'on ne change pas vraiment, on est terriblement déprimé, ou l'on cherche à s'évader de soi-même. Alors resurgit l'incontournable question : la possibilité d'un changement est-elle envisageable ? Nous repensons au passé, à notre jeunesse, et la même question revient à nouveau : y-a-t-il, chez les êtres humains, une possibilité de changement réel ?
Vous, avez-vous changé en quoi que ce soit ? Il s'est peut-être produit chez vous des modifications périphériques, mais au plus profond de vous-même, y-a-t-il eu un changement radical ? Peut-être ne voulons-nous pas changer parce que nous sommes en situation relativement confortable...
Moi, je veux changer. Je vois bien que je suis terriblement malheureux, déprimé, laid, violent, avec de temps à autre un éclair fugace d'autre chose que la simple satisfaction d'un mobile ; et je multiplie les efforts de volonté pour bouger les choses. Je me dis que je dois changer, que je dois en finir avec telle habitude ou telle autre ; que je dois penser différemment ; que je dois agir autrement ; que je dois être plus comme ceci, moins comme cela. C'est un immense déploiement d'efforts, pour se retrouver à la fin tout aussi bancal, déprimé, moche, brutal, sans le moindre sentiment de qualité.
Alors, on se demande si la notion même de changement est possible. L'être humain est-il capable de changer ?
Une révolution psychologique
Est-il possible que le penseur et la pensée, l'observateur et l'objet observé ne fassent qu'un ? Vous ne le découvrirez jamais si vous ne jetez qu'un regard succinct au problème et me demandez quelques explications sommaires sur tel ou tel point. Le problème est évidemment le vôtre, et pas seulement le mien ; vous n'êtes pas venu ici pour savoir comment moi je considère ce problème ou les problèmes universels. Ce conflit intérieur permanent, tellement destructeur et tellement nuisible - c'est à vous de le résoudre, ne croyez-vous pas ? Et c'est aussi à vous qu'il appartient de découvrir comment susciter en vous-même un changement radical, au lieu de vous contenter de révolutions superficielles d'ordres divers - politique, économique, administratif.
N'essayez pas de me comprendre ou de comprendre la façon dont j'envisage la vie. C'est vous-même qu'il faut essayer de comprendre, car ce sont vos problèmes auxquels vous devez faire face. Si l'on en reste au stade des mots, cela ne suffit pas, et cela n'entraîne pas le moindre changement psychologique créateur. Nous devons aller au-delà des mots, au-delà de tous les symboles et des sensations qui s'y accocient.
Ces choses-là, nous devons les écarter et en venir au problème essentiel : comment dissoudre le "moi", qui nous lie au temps, et dans lequel il n'est ni amour ni compassion ? Il n'est possible d'en transcender les limites que lorsque l'esprit ne se scinde pas sous la double forme de penseur et de pensée. Ce n'est que lorsque le penseur et la pensée ne font qu'un que vient le silence, ce silence dans lequel plus aucune image ne se forme, et où toute expectation de nouvelles expériences a disparu.
Dans ce silence, le sujet et l'objet de l'expérience se confondent ; et alors il est enfin une révolution psycholgique  - qui est créatrice.
D'après un enseignement de Jiddu Krishnamurti (1895-1986)
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