Avril 2015 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Avril 2015

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"Qu'est-ce que la Voie ?"

Un maître demande à son disciple : "Qu'est-ce que la voie ?"
Le disciple répond : "L'esprit ordinaire est la voie."
Le maître dit : "Faut-il alors la poursuivre ?"
Le disciple dit : "Décider de s'y diriger va à son encontre."
Le maître dit : "Sans décision, comment sait-on encore qu'il s'agit de la voie."
Le disciple dit : "La voie ne relève pas d'un savoir ou d'un non-savoir. Le savoir n'est que mécompréhension ; le non-savoir, indéfinition. Lorsqu'on pénètre parfaitement la voie de l'indécision, elle ressemble à l'espace, vide et ouvert. Comment pourrait-on la réduire à un « c'est » ou un «  ce n'est pas ? »
À ces mots, le maître s'éveilla soudainement au principe profond.

Cette causerie fait partie d’un koan zen. Les koans sont des énigmes sur lesquelles le disciple se concentre jusqu’à parvenir à l’éveil. Incisifs et déstabilisants, souvent paradoxaux et ironiques, ils ont pour but de faire disparaître tout point d’appui, de déloger le disciple des habitudes duelles de la pensée afin qu’il accède à la compréhension des principes fondamentaux du bouddhisme : tout n’est que production de l’esprit, il n’y a non-obstruction entre l’absolu et le monde des phénomènes. Alors qu’est-ce que la voie ?

"La voie ne relève pas d'un savoir ou d'un non-savoir. Le savoir n'est que mécompréhension ; le non-savoir, indéfinition. Lorsqu'on pénètre parfaitement la voie de l'indécision, elle ressemble à l'espace, vide et ouvert. Comment pourrait-on la réduire à un « c'est » ou un «  ce n'est pas ? »
Cette conversation vise uniquement à montrer les obstacles créés par la méthode conceptuelle, et en même temps, nous engage, nous humains avec notre conscience dualiste, dans une voie de réalisation non-discriminatoire.
On distingue trois types de perceptions mentales : les perceptions agréables, les perceptions désagréables et les perceptions sans notation ou neutres. Nombre de novices dans la méditation se trompent et, quand ils se sentent calmes, sans impression ou sans idée particulière, s’imaginent qu’il s’agit de la vacuité de l’esprit. C’est en fait un état d’indéfinition. Beaucoup s’y embourbent et y figent leur esprit.

Le chemin c'est de réaliser, à travers un exercice, un moyen de s'apercevoir de la différence entre soi-même encore identifié au moi accroché à l'existence, et celui qui est capable de mettre le moi bien entraîné à la disposition de quelque chose de plus profond. La performance n'a de sens que si elle est l'expression d'un moi nettoyé de toute ambition.

Nous ne devons jamais perdre de vue qu'il s'agit d'un chemin, c'est-à-dire que l'homme n'arrive jamais. Il n'y a rien de pire que d'entendre dire qu'un homme est arrivé ! Celui-là en quelque sorte est déjà mort. Lorsqu'on pénètre parfaitement la voie de l'indécision, elle ressemble à l'espace, vide et ouvert. L’Eveillé contient tout, y compris l’espace et le temps, et il est le cœur de toute chose, l'âme de toute chose. Etant à la base de tout, il ne peut pas être affecté par l'apparition ou la manifestation de quoi que ce soit. Il vit dans un temps qui précède le moment où le "Vase" qui contient le bien et le mal, ce qui est moi et ce qui n'est pas moi, le monde intérieur et le monde extérieur, etc, se brise, et où les différentes choses qu'il contient sont séparées les unes des autres.

Quand le maître l’a interrogé, le disciple l’a mené au point du temps qui précède le moment où le vase se brise. Là où plus rien n’est divisible. Mais si le maître a tourné à cette époque autour de l’éveil, il a dû pratiquer encore toute sa vie avant de pouvoir le confirmer.

"Qu'est-ce que la voie ?" "L'esprit ordinaire est la voie."
L'impulsion vis-à-vis du chemin intérieur demande, ou exige, la décision de cheminer. C'est-à-dire de faire ce qui est nécessaire pour que s'ouvre la porte sur le mystère que nous sommes dans notre profondeur. On parle de souillure lorsque l’esprit de production et de destruction crée les destinées. Si on veut avoir une appréhension directe de la voie, il faut savoir que l’esprit ordinaire, c’est la voie.
Qu’entend-on par « esprit ordinaire ? » C’est celui qui ne crée pas, qui ne fait pas de discrimination entre ce qui est et ce qui n’est pas, qui est sans attachement et sans détachement, sans notion d’ordinaire et de sainteté, de destruction ou de permanence.

Tous les enseignements - bouddhistes ou appartenant à d’autres traditions religieuses - n’ont rien à voir avec l’enseignement de l’Eveillé. Tout au plus, ces enseignements peuvent nous conduirent aux pieds de l’Eveillé. Réaliser et vivre la nature de l’Eveillé est la meilleure chose qui puisse advenir pour un être sensible, car ce niveau d’être est en-deçà de la séparation entre le nirvana et le samsara.
La rose ne se construit pas en fonction d'un idéal personnel ou collectif. Elle devient ce qu'elle est, elle est ce qu'elle devient. La rose n'a rien à faire pour devenir la rose, elle est déjà la rose. L'exigence est la même pour l'homme en chemin : devenir ce qu'il est et être ce qu'il devient.
Cette vue vous convient-elle ?
Donc, vivons dans « l’unique temps » et il n’y a pas d’autre temps, qui précède le moment où le vase se brise ! Voilà le voyage authentique !

Bonjour AB,
Nous savons que tous les phénomènes des choses ne possèdent pas de soi. Cela veut dire que nulle chose ne contient en elle une identité absolue. Ce qui revient à rejeter le principe d’identité qui est la base de la logique formelle.
Selon ce principe, A doit être A – B doit être B – et A ne peut être B. La doctrine du non-soi dit : A n’est pas A – B n’est pas B – et A peut-être B.
C’est parce que tout est impermanent, en changement constant que cette doctrine qui choque les gens, les invite à se réexaminer eux-mêmes.
Etant composé, donc sans identité, A n’est plus le A précédent. L’impermanence ou le non-soi c'est la même chose. Dans le temps, les choses sont impermanentes et dans l’espace, les choses sont dépourvues d’identité.
Bien amicalement,
AB


Parfois les nuages reposent les gens d'admirer la lune

Notre recherche spirituelle se vit comme une ascension sur une montagne ; les chemins qui mènent au sommet sont multiples et de longueurs variables, et ils le sont obligatoirement car nous pensons, comprenons et ressentons de différentes manières. Si les voies sont diverses, le but, lui, est unique.

Le Bonheur ne se trouve pas avec beaucoup d'effort et de volonté, mais réside là, tout près, dans la détente et l'abandon...

Toutes les choses merveilleuses que tu cherches : bonheur, paix et joie, tu peux les trouver en toi. Tu n’as pas besoin de les chercher ailleurs. Si tu crois être seul, tu te trompes ; tu peux déjà toucher dans l’instant présent le bonheur et la paix.
Arrête de faire des sauts dans le passé ! Hier c’est déjà évanoui, demain n’est pas encore là. Aujourd’hui est le seul jour dont tu disposes vraiment. Aujourd’hui est le jour le plus important de ta vie.

Koan de la main

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