Décembre 2012 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

Aller au contenu

Décembre 2012

BLOG


Notre vie ? Une grande pièce de théâtre

Et quand on a demandé à Sa Sainteté le Dalaï Lama :
- Qu’est ce qui vous surprend le plus dans l'humanité ? :
- " Les hommes.... Parce qu'ils perdent la santé pour accumuler de l'argent. Ensuite ils perdent de l'argent pour retrouver la santé. Et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent de telle sorte, qu'ils finissent par ne vivre ni le présent ni le futur. Ils vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir..... Et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu ".

Est-il possible de trouver quelqu'un qui se veuille réellement du mal ? Personne ne pense qu'il serait bon de tomber malade, infirme, pauvre, ou simplement d'être volé. Ce que tout le monde désire, c'est vivre dans le bonheur, l'opulence et le confort.
D'où vient une telle attitude ? De la croyance en l'existence d'un "moi". C'est à cause de cette croyance profondément ancrée en nous que nous sommes uniquement préoccupés de notre propre bien-être.
Un tel état d'esprit est pourtant la source même de l'insatisfaction. Deviendrions-nous roi de l'univers, que nous serions encore plus assoiffés de richesse, de pouvoir, de plaisir.

Le même processus s'étend aux sentiments que nous éprouvons envers nos proches : mari, femme, enfants, amis. Parce que nous les aimons, nous leur accordons toute notre préférence, et quand ils sont honorés ou favorisés, nous nous réjouissons outre mesure. Mais ce n'est pas là un amour authentique, car il repose sur la pensée qu'ils nous appartiennent, qu'ils sont "nôtres".
De plus, malgré l'intérêt démesuré que nous portons à notre personne, nous n'avons aucune idée de la façon de trouver le véritable bonheur. Nous ne sommes pas plus capables que des aliénés de prendre soin de nous-mêmes. Nous recherchons une satisfaction dans les plaisirs, la gloire ou la fortune, oubliant que bientôt la mort nous emportera loin de tout.

Tous les phénomènes ressemblent à une illusion magique. De nos jours, l'illusion, plus illusoire encore, n'est qu'une mystification suscitée par un illusionniste.

L'infinie variété des phénomènes du samsara et du nirvana n'est qu'une illusion. On chercherait en vain dans tout l'univers une quelconque entité qui existerait indépendamment de tout et serait permanente.
Aucun roi n'a pu conserver son royaume à jamais, aucune naissance n'a eu d'autre issue que la mort. Il n'est de foule qui ne se soit ensuite dispersée.
Tout, en ce monde, ressemble à une pièce de théâtre dans laquelle les acteurs mettent en scène la guerre, la passion, la mort... Tout est comme un rêve, tour à tour agréable et terrifiant.

Mais en ces temps de déclin, l'illusion a atteint son apogée. Nous avons depuis lontemps oublié la pureté de l'âge d'or. Les gens font peu de cas de leurs vies futures, quand ils ne nient pas la réincarnation, et ne se préoccupent que de leur satisfaction immédiate. Inconstants et peu fiables, ils enterrent la pratique spirituelle sous un monceau d'actes nuisibles.
L'univers et les êtres changent d'instant en instant, comme des épis de blé que le vent fait courber dans toutes les directions. Ce qui était vrai le matin s'avère faux le soir venu. Mais le cours naturel des saisons peut être bouleversé par des pluies précoces, par la chaleur ou le froid. Il est donc inutile de se réjouir exagérément des circonstances heureuses, puisqu'elles peuvent à tout moment tourner en leur contraire, et d'être déprimé quand le malheur nous frappe, car il est insignifiant en regard des souffrances des autres.

Un magicien n'est jamais dupe de ses propres créations. Lorsqu'il fait apparaître toutes sortes d'animaux ou d'objets, il sait pertinemment qu'ils ne sont pas réels, il ne se laisse pas abuser par des illusions qu'il a lui-même créées. Il en va de même du Bodhisattva qui a pleinement réalisé la vacuité des phénomènes. Il sait que toutes les activités de ce monde sont illusoires et, même s'il mène une vie de famille, il n'est pas envahi par les passions et l'attachement à l'ego.
Comme les activités de ce monde lui apparaissent vides et dérisoires, il ne connaît ni la fascination ni la peur, il n'espère pas le succès et ne redoute pas l'échec. Il possède une telle confiance dans ce qu'il a étudié, compris et médité, que le moindre de ses actes le rapproche de la parfaite libération.

De nos jours, cependant une telle compréhension est rare. La confusion s'ajoute à la confusion et se propage, comme les grimaces dans un groupe de singes s'imitant les uns les autres. C'en est arrivé à un point tel qu'il est difficile de sortir de ce labyrinthe. Nous avons perdu de vue la vraie nature des choses et, de ce fait, gaspillons notre vie tout entière sans nous en rendre compte.
Pourtant, les Bouddhas du passé ont dit : "Tous les phénomènes sont des composés, tous les composés sont impermanents, et l'impermanence est souffrance".

Nous devrions par conséquent reconnaître les valeurs habituelles pour ce qu'elles sont, nous désintéresser de l'argent, de la nourriture et des vêtements, cesser d'agir au détriment d'autrui, et unir notre esprit au Dharma.
Si nous pouvons abandonner les nombreuses occupations de notre vie quotidienne, notre vie spirituelle ira droit à son but. La pratique du Dharma et les actes positifs sont eux-mêmes aussi illusoires que des rêves, mais, grâce à ces mérites illusoires, nous atteindrons le fruit illusoire de l'Eveil.
>>> Voir à ce propos la vie de mon Maître Mingyour Rinpotché dans la page : La vacuité.



Soupe d'ortie (façon Milarepa)
Lire un document, cliquez sur la photo >>

Pour déterminer la nature des choses, il faut prendre en considération deux vérités : la vérité absolue et la vérité relative

En bref, la vérité relative est le domaine des phénomènes manifestés. Ceux-ci apparaissent au cours d'une suite d'événements interdépendants, lors de la conjonction de causes et de conditions. Puisque tous les phénomènes sont liés les uns aux autres, la loi de cause à effet est inéluctable : les actes positifs et les actes négatifs donnent respectivement lieu au bonheur et à la souffrance.
Quans les causes et conditions sont réunies, rien ne peut empêcher le résultat de se produire.

On en trouve un exemple parlant dans la nature : s'il y a des graines dans le sol, et qu'au printemps le soleil alterne avec la pluie pour réchauffer et humidifier la terre, des fleurs et des fruits ne tardent pas à apparaître. Nous devrions être conscients des conséquences du moindre de nos actes.
Pour le moment, nous avons la chance inestimable de pouvoir pratiquer le Dharma, mais la mort peut nous ravir cette chance d'un instant à l'autre. Ne perdons pas de temps ! Renouvelons sans cesse notre inspiration en nous rappelant l'impermanence.

La compréhension de l'impermanence est d'autant plus cruciale qu'elle est la clé permettant d'accéder à la vérité absolue : la vacuité, c'est à dire l'absence de réalité des phénomènes.
Mais cette vérité ne peut être réellement appréhendée que par les êtres totalement accomplis.
Finalement, les deux vérités, relative et absolue, sont comprises comme étant indissociables au sein de l'unité de l'apparence et de la vacuité.

Retourner au contenu