Avril 2014 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Avril 2014

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LES REMEDES DE LA SOUFFRANCE

DISSIPER LES ILLUSIONS

La plupart du temps, ma recherche maladroite du bonheur, se fonde davantage sur des leurres et des illusions que sur la réalité. Or, ne vaut-il pas mieux transformer mon esprit que de m'épuiser à modeler le monde à l'image de mes fantasmes, ou à modifier mon état de conscience ?
"Il faut beaucoup de courage pour regarder en soi"…
Quand on entend ces paroles de la part de "sages éveillés" cela peut effectivement intriguer ! Pourquoi une telle hésitation devant une recherche qui s'avère des plus passionnantes ?

S'il y a moyen de se libérer de la souffrance,
Il convient d'utiliser chaque instant pour l'obtenir.
Seuls les idiots souhaitent souffrir plus.
N'est-il pas triste d'ingérer sciemment du poison ?
VII ème Dalaï-Lama

LES CAUSES DE LA SOUFFRANCE


Peut-on imaginer mettre un terme à la souffrance ?
Selon le bouddhisme, la souffrance sera toujours présente en tant que phénomène global. Cependant chaque individu a la possibilité de s'en libérer. S'agissant de l'ensemble des êtres, on ne peut s'attendre à ce que la souffrance disparaisse de l'univers, car pour le bouddhisme, le monde est sans début ni fin.

Il ne peut y avoir de véritable début, car rien ne peut devenir soudainement quelque chose. De même, il ne peut y avoir de véritable fin où quelque chose deviendrait rien.

D'où viennent les souffrances ? En réalité, elles viennent des dispositions négatives de notre esprit qui sont principalement le désir, la haine, l'ignorance, la jalousie et l'orgueil. Puisque toutes les souffrances ont des racines dans ces dispositions négatives de notre esprit, le Bouddha a donné des enseignements qui permettent ou bien de rejeter les dispositions négatives ou bien de les transformer ou encore de s'en libérer par une simple reconnaissance dès qu'elles apparaissent dans notre esprit.
Le simple fait de reconnaître l'effet néfaste des afflictions mentales, ne suffit cependant pas à les surmonter.
Après cette reconnaissance ou prise de conscience, il faut se familiariser avec chaque antidote ou enseignements.
Exemple : la bonté comme antidote à la haine… jusqu'à ce que l'absence de haine devienne une seconde nature.
C'est cela la "méditation", mais ce mot signifie en tibétain "familiarisation". La méditation ne consiste pas simplement à s'asseoir tranquillement à l'ombre d'un arbre et à se détendre pour jouir d'un moment de répit dans nos activités quotidiennes, mais à se familiariser avec une nouvelle vision des choses, une nouvelle façon de gérer ses pensées.

Les 3 méthodes sont : les antidotes, la libération, et l'utilisation.
  • La première consiste à rechercher un antidote spécifique pour chaque émotion négative.
  • La deuxième permet de libérer l'émotion en découvrant sa nature véritable.
  • La troisième utilise la force de chaque émotion comme un catalyseur de transformation intérieure.

La première méthode consiste à neutraliser les émotions à l'aide d'un antidote spécifique, comme on neutralise les effets destructeurs d'un poison à l'aide d'un sérum.

Mais deux processus mentaux opposés, ne peuvent survenir simultanément. On peut osciller rapidement entre l'amour et la haine, mais on ne peut pas ressentir dans le même instant de conscience, le désir de nuire à quelqu'un et celui de lui faire du bien. Un mouvement exclut l'autre : si vous tendez amicalement la main, cela exclut le coup de poing !
Donc
, en entraînant son esprit à l'amour altruiste, on élimine peu à peu la haine, car ces deux états peuvent alterner mais non coexister au même instant. Puisque l'amour altruiste agit comme un antidote direct contre la haine, plus on le développe, plus le désir de nuire s'amenuisera pour finalement disparaître.
Il ne s'agit pas
de refouler la haine, mais de tourner l'esprit vers quelque chose de diamétralement opposé.
Il est de même impossible au désir-passion de coexister avec le détachement. Le piège ici, c'est que le désir et son allié le plaisir, sont loin d'avoir l'aspect hideux de la haine. Ils sont même fort séduisants. Mais bientôt, les fils de soie du désir, qui paraissaient si légers, se tendent et le doux vêtement qu'ils ont tissé devient une camisole.

La deuxième méthode consiste à se demander si, plutôt que de tenter d'enrayer chaque émotion qui nous afflige avec son antidote particulier, nous pourrions identifier un antidote unique agissant à un niveau plus fondamental sur toutes nos afflictions mentales.
Tout est phénomène mental, et dénué d'existence intrinsèque. Ce que le bouddhisme appelle vacuité.
Que va-t-il se passer si, au contraire de contrecarrer une émotion perturbatrice par son contraire, la colère par la patience par exemple, on se contente d'examiner la nature de l'émotion elle-même ?
Exemple : la colère nous submerge. On a l'impression que l'on n'a pas d'autre choix que de se laisser emporter. Nous observons attentivement : Puis-je localiser cette colère dans ma poitrine, mon cœur ou ma tête ? S'il semble que oui, à-t-elle une couleur, une forme ? A-t-elle le pouvoir de me dominer à ce point ?
Je serais bien en peine de lui trouver de telles caractéristiques.
D'où vient-elle, où se poursuit-elle, où disparaît-elle ?
Tout ce qu'on peut affirmer c'est qu'elle naît de notre esprit, y dure quelque instant et s'y dissout à nouveau.
Si nous réalisons que la colère n'a aucune consistance en elle-même, elle perd soudainement de sa puissance.
C'est ce que le bouddhisme appelle la libération de la colère au moment où elle surgit, en reconnaissant son caractère de vacuité. Ce faisant, on n'a pas refoulé la colère, mais neutralisé son pouvoir de se transformer en cause de souffrance.
Le plus souvent, nous ne faisons cette analyse qu'une fois la crise passée. Ici, c'est au moment même où la colère surgit qu'il faut en reconnaître la nature. Grâce à cette compréhension, les pensées n'ont plus le loisir de s'enchaîner et de nous asservir.
Si l'on s'habitue à regarder les pensées au moment où elles surviennent, et à les laisser se défaire avant qu'elles ne monopolisent l'esprit, il sera beaucoup plus facile de rester maître de son esprit.

La troisième méthode est la plus subtile et la plus délicate. Si l'on examine attentivement ses émotions, on découvre que, comme les notes de musique, elles ont de nombreuses composantes ou harmoniques.

Par exemple, la colère incite à l'action et permet souvent de surmonter un obstacle.
Pour peu que l'on sache séparer ces différents aspects, il devient concevable de reconnaître et d'utiliser les côtés positifs d'une pensée généralement considérée comme négative.
En effet ce qui confère à une émotion son caractère nocif, c'est le moi fictif qui s'identifie et s'accroche à cette émotion, et déclenche une réaction en chaîne. Un entraînement approprié permet d'intervenir avant que ne s'amorce la réaction.
Si l'on réussit à éviter cet enchaînement, il n'est plus nécessaire de faire intervenir un antidote extérieur : les émotions elles-mêmes agissent comme des catalyseurs qui permettent de se dégager de leur influence nuisible.
En fait,
le point de vue change : quand on tombe à la mer, c'est l'eau elle-même qui tient lieu d'appui et permet de nager vers la terre ferme. Encore faut-il savoir nager, c'est à dire être suffisamment habile pour utiliser les émotions à bon escient sans se noyer dans leurs aspects négatifs.
Pour peu que l'on sache séparer ces différents aspects, il devient concevable de reconnaître et d'utiliser les côtés positifs d'une pensée généralement considérée comme négative.

3 méthodes, un seul but

Le choix de l'une ou l'autre de ces méthodes dépend du moment, des circonstances et des capacités de celui qui les utilise. Toutes ont en commun un point essentiel et un même but : nous aider à ne plus être victime des émotions conflictuelles.

EN RESUME
On peut fort bien envisager plusieurs manières de ne pas être empoisonné par une plante vénéneuse.

  • On peut avoir recours à des antidotes adaptés à chaque poison pour en neutraliser les effets.

  • On peut aussi identifier l'origine de la vulnérabilité à ces poisons, notre système immunitaire, puis, en une seule opération, renforcer ce système pour acquérir une résistance globale à tous ces poisons.

  • On peut finalement analyser les poisons, isoler les diverses substances qui les composent et s'apercevoir que certaines d'entre elles, employées à des doses appropriées, ont des vertus médicinales.


Ce qui importe, c'est que dans tous les cas on a atteint le même but : ne plus être esclave des émotions négatives et progresser vers la libération de la souffrance.
Mais il ne faut pas oublier qu'à l'origine des émotions, se trouve l'attachement au "moi".
Il faut éradiquer "l'attachement" à l'ego. Et c'est possible, car l'ego existe, mais comme une "illusion".


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