Janvier 2014 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Janvier 2014

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Si quelqu'un est frappé par une catastrophe, comment suggérez-vous qu'il l'affronte ?
Une définition de l'expérience spirituelle est de se rendre complètement vulnérable, sans aucune protection ; sans même demander à "Dieu" de vous aider ; sans crier : "Au secours !" si on vous attaque. Etre capable d'être vulnérable et complètement sensible à cette planète, à l'univers, au grand mystère.

Pour moi, c'est tout le but et la perfection ultime de la vie humaine. Nous commençons à voir que la seule issue à la souffrance n'est pas de nous protéger mais de nous autoriser à être complètement ouverts.
OUVERTURE TOTALE, CONFIANCE TOTALE

Notre société se passionne pour la protection contre l'inconnu. Elle propose des assurances, des pensions de retraite et toutes sortes de garanties et de sécurités que nous exigeons et attendons. Pourtant, voyez la vie religieuse d'un moine bouddhiste : il mendie sa nourriture, totalement dépendant des autres et sans défense, un peu à l'écart de tout...
Les conventions
de la vie d'un moine ne sont que des symboles extérieurs représentant ce que nous devons faire à l'intérieur. Intérioriser ce moine ou ce mendiant signifie qu'il faut être prêt à faire confiance au dharma, à la vérité. Plus on pratique la méditation, plus notre vision intérieure devient claire et profonde par rapport à ce qui est réellement et plus on ressent de joie, de foi et de confiance.
Plus on pratique,
plus on est prêt à s'ouvrir complètement au mystère, à l'immensité, à l'incroyable... sans crainte.

Question : Si quelqu'un est effectivement frappé par une catastrophe, comment suggérez-vous qu'il l'affronte ?
Réponse : Je suggère d'essayer de véritablement accepter ce qui est, de l'amener à la conscience au lieu de le repousser, de se laissez aller à l'émotion ou d'y résister.

On peut essayer de se contenter d'observer et d'accepter que c'est ainsi et de supporter le sentiment de chagrin ou de tristesse qui est là. De cette manière, on pourra le laisser aller. Lâcher prise ne signifie pas que la peine partira quand on le voudra, mais cela veut dire qu'on n'en fera pas un problème.
La vie est ainsi.
Nous tous, êtres humains, faisons l'expérience de la mort d'un être cher. Cela fait partie de notre condition humaine et les êtres humains sont toujours passés par là. Nous sommes obligés de voir nos parents mourir, parfois même nos enfants ou nos amis. Il arrive qu'il faille accepter des choses horribles dans la vie. Mais quand on a une attention pleine de présence consciente, on accepte d'avance toutes les possibilités.
Cela n'empêche pas
le sentiment de détresse mais permet d'accepter ce sentiment, et cette acceptation apporte une paix qui lui est propre. L'expérience de la vie a un aspect triste.

Tous les matins quand je passe devant ce cadre affiché sur la porte de ma cuisine, je récite : "Tout ce qui est mien, que j'aime et qui me fait plaisir passera." On peut trouver cela horrible mais il s'agit d'une réflexion sur le fait que ce que nous aimons et ce qui nous fait plaisir va changer. Nous souffrons quand nous croyons que cela ne devrait pas changer et quant nous refusons tout changement.
Tandis que,
si notre esprit est ouvert à la vie, nous constatons que c'est souvent dans les périodes où nous souffrons que nous grandissons.
Il arrive
que les gens dont la vie a été trop facile ne grandissent jamais ; ils sont gâtés et contents d'eux-mêmes. C'est quand on doit vraiment affronter et accepter les choses douloureuses que l'on peut grandir en sagesse et mûrir en tant que personne.

Il y a des personnes souffrant du sida. Bien entendu, c'est une maladie très traumatisante et avec toutes sortes de connotations difficiles. Avoir une dégénérescence du système immunitaire est l'une des choses les plus tristes qui puissent arriver à un être humain. Alors on peut avoir tendance à prendre cela personnellement, avec amertume et ressentiment ou avec culpabilité et remords.
On peut interpréter
cela comme la "justice divine" qui vous punit pour avoir mené une vie immorale ; on peut se sentir injustement traité par la vie et haïr "Dieu" de vous avoir donné cette terrible maladie ; on peut lever le poing vers le ciel et s'apitoyer sur soi-même ou s'en vouloir...
Ou bien
on peut choisir de considérer cette expérience comme une occasion de s'éveiller à la vie, une occasion de jeter un regard clair sur les choses et de les comprendre.

Quand on sait que l'on va mourir, il arrive que cette expérience élève considérablement la qualité du reste de sa vie. Si vous apprenez que vous devez mourir dans six mois et que vous avez quelque sagesse, vous n'allez pas gâcher ce temps à des frivolités.
Quand on est
en parfaite santé, on se dit : "J'ai encore des années devant moi. Inutile de méditer maintenant, je ferai ça quand je serai plus vieux. Pour l'instant je veux prendre du bon temps."
Dans un sens, savoir que vous allez mourir dans six mois peut être très douloureux mais, d'un autre côté, cela peut vous éveiller à la vie. Et c'est cela qui est important : l'éveil et la volonté d'apprendre de la vie, peu importe ce que l'on a fait ou ce qui s'est passé.
A tout moment
chacun d'entre nous a cette possibilité d'éveil, quoi que nous ayons pu faire.

Je considère notre vie dans cette forme humaine comme une espèce de transition. Nous ne sommes pas vraiment d'ici ; ce n'est pas notre véritable demeure ; nous ne serons jamais satisfaits de notre état d'êtres humains. Inutile de traîner ici, de nous accrocher au monde humain - mais il ne s'agit pas non plus de le mépriser ou de le rejeter. Nous devons nous éveiller à notre vie humaine et la comprendre.
Vous pourrez
dire que vous n'avez pas gaspillé votre vie si vous vous y éveillez. Par contre, si vous vivez longtemps - disons une centaine d'années - selon des idées ridicules et égocentriques, ces cent années auront été gâchées.
Mais
si vous  êtes éveillé à la vie, même si votre vie est très courte, vous ne l'aurez pas vécue en vain.

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