Mars 2017 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

Aller au contenu

Mars 2017

BLOG

La révolution de l'esprit...
Un contentement étranger à l'esprit
N'est-il pas essentiel d'être mécontent, de ne pas étouffer le mécontentement, mais de l'encourager, de l'explorer, de le fouiller, de sorte qu'avec la compréhension de "ce qui est" vienne le contentement ? Ce contentement n'est pas le fruit d'un système de pensée : il va de pair avec la compréhension de "ce qui est".
Ce contentement n'est pas le produit de l'esprit - cet esprit qui est perturbé, agité, incomplet, quand il cherche la paix, quand il cherche à fuir "ce qui est". C'est pourquoi l'esprit, par la justification, la comparaison, le jugement, essaie de modifier "ce qui est", espérant de ce fait accéder à un état où il ne sera plus perturbé, où il sera pacifié, où la tranquillité régnera.
Et lorsque l'esprit est perturbé par les conditions sociales, la pauvreté, la dégradation, la misère épouvantable, constatant la situation, il veut changer ; il s'empêtre dans la voie des changements, dans le changement érigé en système. Mais si, en revanche, l'esprit est capable de regarder "ce qui est", sans comparaison, sans jugement, sans aucun désir de le transformer en quelque chose d'autre, alors vous verrez qu'il advient une forme de contentement qui ne dépend pas de l'esprit.
Le contentement qui est le produit de l'esprit n'est qu'une échappatoire. Il est stérile. Il est mort. Mais il y a un contentement qui n'est pas de l'esprit, qui naît avec la compréhension de "ce qui est", et dans lequel il est une révolution profonde, qui affecte la société et les rapports individuels.
Un mécontentement vivace
Le mécontentement n'est-il pas indispensable dans la vie, essentiel à tout questionnement, à toute investigation, à toute interrogation, à toute découverte du réel, de la vérité, de "ce qui est" la base de l'existence ? Il peut se faire que ce mécontentement ardent m'anime à l'âge d'étudiant ; puis je trouve un bon travail et ce mécontentement s'apaise, puis s'évanouit. Je suis satisfait, je lutte pour subvenir aux besoins de ma famille, je suis obligé de gagner ma vie, c'est ainsi que mon mécontentement est apaisé, réduit à néant ; je deviens une entité médiocre qui se satisfait des choses de la vie, et je cesse d'être le mécontentement même.
Pourtant, il faut entretenir la flamme du début à la fin, afin qu'il y ait une véritable investigation, un véritable approfondissement, un véritable questionnement quant à la nature du mécontentement.
Et parce que l'esprit tombe très facilement sous l'emprise de toute drogue l'incitant à se satisfaire de vertus, de qualités, d'idées, d'actions, il tombe dans la routine et s'y englue. C'est une situation qui nous est familière, mais notre problème, ce n'est pas de savoir comment apaiser le mécontetement, c'est d'en entretenir la flamme, la vie, la vitalité.
Toutes nos "saintes" écritures, tous nos gourous, tous les systèmes politiques veulent pacifier l'esprit, le calmer, l'inciter à se soumettre, à oublier son mécontentement et à se vautrer dans une forme quelconque de contentement... N'est-il pas absolument indispensable d'être mécontent pour pouvoir découvrir l'authentique ?
Comprendre "ce qui est"
Nous sommes en conflit les uns avec les autres, et notre univers est en voie de destruction. Les crises, les guerres se succèdent ; la famine et la misère règnent, avec d'un côté ceux qui sont immensément riches, drapés dans leur respectabilité, et de l'autre les pauvres.
Ce qu'il faut pour résoudre ces problèmes, ce n'est ni un nouveau système de pensée, ni une révolution économique : c'est en comprenant "ce qui est" - le mécontentement -, en scrutant sans cesse au plus profond de "ce qui est", que se déclenchera une révolution d'une portée beaucoup plus vaste que la révolution des idées. Et c'est cette révolution-là qui est si indispensable à l'avènement d'une autre culture, d'une autre religion, d'une autre relation d'homme à homme.
Voici des propos du Dalaï-lama, la veille d’une conférence publique qu’il a donnée à Montréal le 3 octobre 2009 sur le thème : Éducation du cœur - la puissance de la compassion.
« La révolution intérieure que je préconise n’est pas une révolution religieuse… J’en suis arrivé à la conclusion qu’il n’importait guère qu’un être soit croyant ou non : il est plus important qu’il soit bon. Qu’ils nous viennent du dehors, comme les guerres, la violence et le crime, ou qu’ils se manifestent au-dedans de nous sous forme de souffrances psychologiques et affectives, nos problèmes resteront sans solution aussi longtemps que nous continuerons d’ignorer notre dimension intérieure. C’est cette ignorance qui explique qu’aucun des grands idéaux mis en œuvre depuis plus de cent ans - démocratie, libéralisme, socialisme - n’ait réussi à apporter les avantages universels qu’ils étaient censés procurer. A n’en pas douter, une révolution s’impose. Mais pas une révolution politique, économique ou même technique. Ce siècle en a connu assez pour que nous sachions désormais qu’une approche purement extérieure, aussi utile soit-elle, ne saurait suffire. Ce que je propose est une révolution intérieure.»
d'après un enseignement de Jiddu Krishnamurti (1895-1986)
Retourner au contenu