Juin 2012 - MEDITATION et Liberté Bouddhisme et Spiritualité

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Juin 2012

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L'esprit non duel

Observer l'esprit en toute chose signifie que tout dans la vie quotidienne est méditation.
Quand on en arrive véritablement à découvrir le soi, il n'y a pas de séparation, puisque la vérité originelle de l'univers est sans dualité.

Une vague peut être considérée comme une entité individuelle, et pourtant il est évident que la vague est l'océan, et l'océan la vague. Il n'y a pas de séparation ultime.

La non-dualité répond à la question : « Qui suis-je ? ».
Question que nous nous sommes tous posé un jour. Ramana Maharshi en a fait l'interrogation essentielle et guide de la quête de Soi. Se poser cette question ouvre un chemin dont on imagine rarement l'issue, si l'on ne se contente pas des réponses habituelles :  "Je suis Untel", "Je suis moi"... Et cette issue peut être la non-dualité, si nous sommes mûrs pour abandonner les représentations dans lesquelles nous nous sommes emprisonnés. C'est ainsi que nous pouvons passer de " Je suis moi" à "(je suis) Cela".

Percevoir ce qui est !!!
Depuis notre naissance, nous laissons notre esprit fonctionner comme bon lui semble, à l’image d’un gamin capricieux. Nous passons sans cesse d’une sensation à une autre comme un singe qui saute de branche en branche. Et le gamin et le singe sont épuisés car ils ne prennent pas le temps d’analyser ce qu’ils éprouvent, ballotés par les événements extérieurs.
C’est ainsi que la vie est une recherche constante de plaisir, d’aventures sentimentales ou d’actions de transformations de ce qui est à "l'extérieur". Car dès que quelque chose devient désagréable, nous avons tendance à passer de cette condition à une nouvelle condition qui apparaît.



C’est une chose que d’imaginer, et une autre que de percevoir ce qui est,
mais toutes deux sont contraignantes. Il est simple de percevoir ce qui est, mais c’est un autre problème que d’en être libéré.
Car la perception est obscurcie par des notions de jugement, de comparaison et de désir.
Percevoir sans l’interférence du censeur est extrêmement difficile. L’imagination édifie l’image du moi, et la pensée fonctionne alors dans l’ombre de cette image, à l’intérieur de ses limites.

Le conflit de la dualité
C’est de cette mise en concept du moi que naît le conflit entre ce qui est et ce qui devrait être : le conflit de la dualité. La perception du fait et l’idée qu’on a du fait, sont deux états très différents,  et seul l’esprit qui n’est pas limité par les opinions et les valeurs comparatives a la capacité de percevoir ce qui est vrai.
L’esprit est ce qui crée le samsara et le nirvana. Pourtant il n’a rien de spécial, il n’est que pensées. Dès que vous reconnaîtrez la vacuité des pensées, elles perdront le pouvoir de vous égarer. Mais aussi longtemps que vous les tiendrez pour réelles, elles vous tourmenteront sans merci.

CECI EST UNE INVITATION à visiter l'espace de cette maison !

C’est comme l’espace dans cette pièce.
Quand vous entrez dans cette pièce, remarquez-vous l’espace ou bien votre attention est-elle attirée par les objets de la pièce ? Les tableaux, les 2 personnages, la lune ? Vous voyez les murs, la porte, les couleurs et la décoration... mais l’espace de la pièce ne se remarque pas, même s’il est tout le temps là.
Quand nous sommes occupés à regarder l'intérieur de cette pièce, nous ne remarquons pas du tout l’espace.
Ce n’est que lorsque nous lâchons la pensée, la parole, les jugements et l’imagination que nous devenons conscients et attentifs à l’espace de cette pièce. Quand nous nous y intéressons, nous constatons que cet espace est paisible et infini et que même l'intérieur de la pièce ne le limite pas.
L’esprit lui-même est semblable à l’espace, vide et insaisissable, et il ne peut s’engager dans une activité, qu’elle conduise au samsara ou au nirvana, qu’à travers l’intervention du corps. C’est une fois l’esprit et le corps réunis que le monde peut être perçu au moyen des organes des sens et des consciences qui leur sont associées. La fonction de ces consciences est simplement de percevoir des objets, la nature etc… spécifiques. Les formes, les sons, les odeurs, les goûts etc… sans rien leur ajouter.
L’esprit, quant à lui, élabore à partir de ces perceptions et pense : ceci est beau, cela est laid ; ceci va m’apporter du plaisir, cela va me faire souffrir.
Il n’y a pas, dans un bel objet, ou un beau paysage de qualité inhérente qui soit bénéfique à l’esprit, et rien dans un objet laid qui puisse lui nuire. La beauté et la laideur ne sont que des projections mentales.
Aucun objet n’a la propriété de procurer le bonheur ou la peine. Ainsi, une même personne peut éveiller des sentiments de joie chez les uns et de peine chez les autres. Seul l’esprit attribue de telles qualités à ce qu’il perçoit.
L’esprit intervient donc quand un objet quelconque entre en contact avec l’un des organes des sens. En se fixant sur la perception dont il fait l’expérience, il la déforme et étiquette l’objet comme plaisant ou déplaisant. Ce processus de saisie est la cause du samsara.
Au contraire, quand il n’y a pas de saisie, la perception libérée se transforme en sagesse. C’est alors l’expérience de la pureté du nirvana, dans laquelle il est inutile de rejeter les plaisirs des sens.
Quand on examine attentivement la variété des phénomènes animés et inanimés, on s’aperçoit qu’ils n’ont jamais été séparés du continuum de la vacuité. Il est dit : la vérité de la vacuité est la vérité de toute chose. La vacuité, en fait, est ce qui rend possible le déploiement infini des phénomènes.
Toutefois comme le prédisent les maîtres de méditation, veillez à ne pas concevoir d’orgueil et à ne pas vous attacher à cette expérience. La pureté des phénomènes n’est pas le produit de la méditation, c’est la nature même des choses.
Dans ce dessin, tout est vide depuis toujours, que ce soit l’univers ou les êtres qui le peuplent. Les phénomènes ne sont jamais souillés par le concept d’impureté, ni rendus meilleurs par la notion de pureté. Leur nature véritable est simplement ce qu’elle est.
Vous posez une boite en carton ou en bois (en tout cas, aux parois opaques) et un stylo sur une table. Vous les observez un moment. Puis, vous placez le stylo dans la boite et vous fermez celle-ci afin de ne pas voir ce qu'il y a dedans.
Vous observez à nouveau : y a-t-il un stylo dans la boite ?
1 - Vous répondez en vous fiant à l'intellect. Que dit le mental ? Pas de commentaire superflu, juste la réponse spontanée à la question.
2 - Vous répondez en vous fiant à l'expérience directe : que voyez-vous ? Une boite posée sur une table, et puis tout autour, des éléments de décor, mais voyez-vous le stylo ? Existe-t-il encore ? Si la pensée « mais je sais qu'il est dans la boite puisque c'est moi-même qui viens à l'instant de l'y placer » apparait, ou toute autre pensée en rapport avec la question, pouvez-vous observer cette pensée comme également un élément du décor, tout comme le sont la boite, la table, et le reste ? Un élément dont la nature semble être différente de celle de la boite, certes, mais un simple élément du décor. Observez à présent le fait suivant : il y a juste maintenant de nombreux « objets » qui peuplent votre conscience; objets physiques (la table, la pièce, le sol, etc...), objets mentaux (des pensées), peut-être même objets sensoriels (une démangeaison, une douleur, une tension, etc...) Mais qu'est-ce qui permet de « voir » tous ces objets ? Ce qui voit, est-ce aussi un objet ? Et là, aucune pensée ne peut répondre à cette question, car toute réponse pensée sera elle-même un objet. Si vous répondez « c'est moi qui voit », cette réponse est une pensée, donc un nouvel objet. Si vous vous dites « c'est moi qui voit, parce que je le sais et je le sens », à nouveau, il s'agit encore de nouveaux objets : pensée plus ressentis. Mais ce n'est toujours pas la réponse à la question. Observez « ce qui voit » sans en faire un objet de conscience. Impossible, n'est-ce pas ? Un véritable koan zen !
Et pourtant, c'est là que se trouve la « sortie ». Le mental ne pourra jamais résoudre cette énigme, mais l'intuition le peut. Et c'est en restant résolument avec la question « Ce qui voit, est-ce aussi un objet ? » que l'intellect va finir tôt ou tard par capituler et que l'intuition de l'évidence va se déployer sans mots, sans pensées, juste avec un grand sourire...
COMME UN MAITRE ZEN L’A DEJA DIT : « LORSQUE J’AI ENTENDU LE TINTEMENT DE LA CLOCHE, IL N’Y AVAIT PAS DE JE, PAS DE CLOCHE, JUSTE LE TINTEMENT. »

L'esprit est de passage dans le corps comme un visiteur dans cette maison.

A travers le corps, c'est lui qui est conscient des formes, des sons, des saveurs, des sensations. Quand l'esprit s'en va, le corps devient un cadavre. Il ne se soucie plus du beau et du laid, des injures et des louanges. Il ne se réjouit pas d'être habillé de soie ni ne souffre d'être incinéré.
En tant que tel,
le corps est un objet peu différent de la terre ou des pierres. Quand le corps et l'esprit se séparent, la parole, qui se trouvait quelque part entre les deux, disparaît elle aussi.
Du corps, de la parole et de l'esprit,
c'est donc bien l'esprit qui compte et c'est lui qu'il convient de transformer en pratiquant le Dharma.

L'esprit est illimité
C’est la même chose avec l’esprit. L’esprit est illimité, il ne connaît aucune barrière, il peut tout contenir. Pourtant nous nous attachons aux conditions limitées de l’esprit : nos idées, nos jugements et nos opinions.
La vraie nature de l’esprit est spacieuse et lumineuse. Elle ne dépend ni de formes, ni de sensations, ni d’émotions, ni de couleurs. Indéfinissable, elle se situe au-delà des mots et des concepts. L’expérimenter est possible grâce à la méditation, ce niveau le plus élevé et le plus subtil de la conscience.
Il n’est pas possible de dire où se situe l’esprit. Mais nous pouvons en appréhender la saveur au travers de la détente et de l’énergie  que procure la méditation. Et cela grâce à la paix intérieure qu’elle génère.
Le phénomène ENSO (Jap. cercle) est l'emblème du bouddhisme zen, la vacuité.  La calligraphie, un simple cercle tracé avec un seul coup de pinceau large, il est un symbole de l'infini, et représente le vide infini, le «non-chose», le parfait état méditatif, ou la pratique et l'éveil qui sans cesse se renouvellent (dokan, anneau de la Voie).

Bouddha enseigne qu'il existe 2 sortes de méditation : celle du chien et celle du lion.
Il ne sert à rien de chercher hors de vous la nature ultime de l'esprit, car elle est en vous. Quand on parle d'esprit, il importe de savoir s'il s'agit de l'esprit ordinaire, cette chaîne ininterrompue de pensées qui crée et entretient l'ignorance, ou, comme ici, de la nature de l'esprit - la conscience éveillée, vide et lumineuse - qui est la source même des pensées.
Pour illustrer cette distinction, le Bouddha enseigna qu'il existait deux sortes de méditation, celle du chien et celle du lion. Si on lance un bâton à un chien, il court après le bâton, mais si on lance un bâton à un lion, il se retourne contre le lanceur. On peut jeter autant de bâtons que l'on veut à un chien, mais un seul à un lion. Poursuivre une à une les pensées qui nous envahissent à l'aide des antidotes est une tâche sans fin. C'est la réaction du chien. Mieux vaut suivre l'exemple du lion et chercher la source des pensées : la conscience éveillée et vide, dans laquelle les pensées se succèdent comme des ondes à la surface d'un lac, mais qui en profondeur est l'immuable simplicité primordiale.

"Une erreur persistante" : on croit que la spiritualité rend libre. NON ! Pas plus que telle religion, que telle philosophie, que tel parti politique, etc.. C'est l'esprit totalement libre qui est spirituel.
Mais les meilleurs des hommes en sont encore à chercher l'adresse d'une école, d'un parti, d'une chapelle... où ils pourraient, moyennant finances (ou pas) et par des exercices pratiques, apprendre la liberté...
Lorsque je déclare que je ne lis pas les journaux, que je regarde très rarement la télévision, que j'écoute peu la radio, on s'étonne, on s'inquiète : "Mais que reste-t-il ?"
Et moi : "Tout. La liberté."
La liberté qui se décline en silence, en musique et conversation, en lectures, en amitié, en écriture, en rêverie. Le bonheur en somme ! Mais chut !!!
Il y a en chacun de nous une solitude qui est ce que nous avons de plus précieux. Une solitude inaliénable, magnifique, qui est la solitude même de l'Esprit.

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